Essais nucléaires français à Mururoa
La Royal New Zealand Navy (RNZN) a joué un rôle important dans la protestation contre les essais nucléaires français dans le Pacifique en 1973. Le gouvernement a demandé à la marine d’envoyer une frégate. Il a montré à quel point le gouvernement avait changé de point de vue, passant de sa participation dans les années 1950 à l’opération Grapple à une opposition pure et simple. Il était très rare qu’un gouvernement envoie un navire de guerre en signe de protestation politique. En fait, il s’agit d’un acte unique dans l’histoire politique néo-zélandaise.
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Plan de l'article
- Les tests de français
- Nouveau site d’essai du Pacifique à Mururoa
- La Nouvelle-Zélande fait appel à la Cour internationale de Justice
- Le gouvernement envoie une frégate
- Escadron de la paix
- Opérations actives du RNZN
- HMNZS Otago envoyé à Mururoa
- Collecte internationale de renseignements
- Le HMNZS Canterbury arrive à Crowded Seas
- Conséquences
Les tests de français
La France a cherché à défendre ses intérêts stratégiques en développant un arsenal nucléaire indépendant. L’arsenal a été baptisé Force de frappe. C’était la protection de la France contre la menace d’une invasion soviétique. Cependant, la France a dû tester ses bombes nucléaires, et les premiers essais ont été effectués sur le terrain de tir de Reggane, dans la colonie française d’Algérie, en février 1960.
Une alternative est devenue essentielle lorsque l’Algérie a obtenu son indépendance en 1962 et a interdit les essais sur le site.
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Nouveau site d’essai du Pacifique à Mururoa
En 1963, le gouvernement français décide de déplacer son programme d’essais atmosphériques vers l’atoll de Mururoa, dans l’archipel des Tuamotu. Les essais doivent débuter en juillet 1966 et se poursuivre jusqu’en 1972 sous le contrôle de la Direction des Centres d’Expérimentation Nucléaire (DIRCEN).
Une base pour l’administration des tests et le complexe de magasins pour navires et avions a été installée à l’atoll de Hao, à 435 km au nord-ouest de Mururoa.
La Nouvelle-Zélande fait appel à la Cour internationale de Justice
Le gouvernement néo-zélandais a d’abord officiellement fait part de ses préoccupations concernant le programme d’essais proposé par la France en 1963 au gouvernement français. Le processus s’est poursuivi par la voie diplomatique et les réunions intergouvernementales jusqu’à la fin de 1973.
La principale objection au programme d’essais français était le risque de retombées pour les habitants de New York. la Zélande, les Îles Cook, Nioué et les îles Tokélaou.
La Nouvelle-Zélande avait surveillé les essais et enregistré des retombées dans toutes ces zones malgré les tentatives françaises d’atténuer les effets des tests et de l’emplacement supposé « plus sûr ».
La France a déclaré une zone interdite autour de l’atoll de Mururoa et de l’île de Hao en 1965, mais elle a également déclaré des « zones dangereuses » lors des tests eux-mêmes. Celles-ci n’étaient pas fixes et pouvaient être de n’importe quelle taille et forme en fonction du test et des préoccupations françaises. En 1972, la marine et l’armée de l’air françaises opérant à partir du site d’essai interféraient activement avec les navires étrangers.
La lettre du Premier ministre Norman Kirk au gouvernement français en mars 1973 affirmait que la poursuite des essais atmosphériques français constituait une « violation des droits de la Nouvelle-Zélande en vertu du droit international » et demandait une assurance quant à la fin du programme d’essais. La France a vivement contesté cette affirmation. Le Gouvernement néo-zélandais a ensuite indiqué qu’il chercherait à obtenir des recours en vertu des lois internationales par l’intermédiaire de la Cour internationale de Justice.
En mai 1973, la Nouvelle-Zélande était convaincue que les essais atmosphériques français étaient illégaux et cherchait d’autres moyens parallèles à la voie légale de protestation contre les risques que ces essais posaient.
Le gouvernement envoie une frégate
Lors des élections de 1972, le Parti travailliste a indiqué que s’il était élu, il enverrait une frégate à Mururoa avec un ministre à bord, pour renforcer la protestation contre les tests atmosphériques français.
Entre novembre 1972 et juin 1973, l’état-major de la marine a travaillé sur le plan opérationnel d’une frégate pour se rendre à Mururoa pour protester contre la prochaine série d’essais débutant en juillet 1973. Une frégate aurait besoin de carburant. Cela signifiait qu’un navire de ravitaillement était nécessaire, mais le navire de ravitaillement HMNZS Endeavour n’était pas en mesure de transporter le mazout dont une frégate avait besoin.
Le problème a été résolu avec l’aide de Bob Hawke, alors dirigeant de l’Australian Council of Trade Unions. Il a réussi a fait pression sur le gouvernement australien pour qu’il prête le pétrolier HMAS Supply comme navire de soutien à la frégate RNZN.
La Royal New Zealand Air Force et la Royal Australian Air Force achemineraient par avion des fournitures à Rarotonga pour le levage et le ravitaillement de toutes les frégates de la RNZN en mer.
Le HMNZS Canterbury était la seule frégate de la RNZN capable d’opérer dans un environnement nucléaire, mais ne serait pas disponible avant juillet 1973. En fin de compte, le HMNZS Otago a subi un auto-réaménagement et a été envoyé. Fraser Coleman, ministre du Cabinet, et trois représentants des médias néo-zélandais se trouvaient à bord.
Escadron de la paix
Comme en 1972, une flotte de bateaux privés naviguait vers Mururoa. Cet escadron de la paix a été très déçu que le HMNZS Otago ne soit pas un vaisseau mère pour eux. Le Gouvernement néo-zélandais craignait que les Français ne demandent à Otago de retirer l’embarcation de protestation de la zone interdite, ce qui entraînerait une publicité négative.
Le 22 juin 1973, le La Cour de justice a soutenu la demande de mesures provisoires de la Nouvelle-Zélande visant à mettre fin aux essais nucléaires, mais les dates des échanges de mémorandums entre la France et la Nouvelle-Zélande ont été fixées bien après l’achèvement du programme d’essais.
La France a poursuivi les plans de 1973.
Opérations actives du RNZN
Le premier navire déployé par le RNZN était le HMNZS Lachlan. Elle a mené la collecte de renseignements de signalisation et a passé la période du 21 juin au 1er juillet 1973 à fuir au large de Rarotonga. Lachlan a suivi les communications sous la direction du capitaine de corvette Dennis Milton. Milton s’était embarqué spécialement à cette fin, étant impliqué dans des interceptions de communication depuis 1944.
Le commandant, le commandant Ian Munro, a calculé le relèvement entre Waiouru et l’atoll de Mururoa pour le HMNZS Irirangi, afin que les antennes directionnelles puissent être dirigées pour écouter les communications françaises.
Lachlan ravitaillé en mer à partir du pétrolier de la Royal Air Force Tideflow. Cependant, les Britanniques ont clairement indiqué au gouvernement néo-zélandais et au RNZN qu’ils ne soutenaient pas l’action de protestation néo-zélandaise.
Le 2 juillet 1973, le HMNZS Lachlan a reçu l’ordre de retourner en Nouvelle-Zélande. Un cap avait été mis en place pour éviter le HMNZS Otago afin que le rôle de Lachlan dans l’obtention de signaux de renseignement soit caché au contingent médiatique à bord d’Otago.
HMNZS Otago envoyé à Mururoa
Avant le départ, la compagnie du navire s’est vu offrir la possibilité de ne pas naviguer avec l’Otago. Vingt-deux ont accepté l’offre, 10 pour des raisons personnelles et 12 pour des raisons familiales. Aucun officier ou commerçant spécialisé ne s’est désisté.
Lors de son déploiement à Mururoa, Otago serait sous le contrôle direct du contre-amiral E. C. Thorne, CB, CBE, chef d’état-major naval (CNS), qui à son tour relevait directement du lieutenant-général Richard Webb, chef d’état-major de la défense (CDS), qui a pris ses directives du gouvernement Kirk.
Il y avait trois parties à les commandes :
- Règles d’engagement (ROE) — l’autorisation écrite de tirer sur des navires français en état de légitime défense si le besoin s’en fait sentir. Otago a reçu l’ordre de fusionner ses obus pour le voyage vers la zone d’exclusion.
- Les mesures à prendre si l’Otago était gravement contaminé par les retombées et la procédure de demande d’assistance médicale auprès des Français
- Détails d’un circuit de sécurité des communications secrètes avec les autorités françaises pour éviter un danger direct pour la frégate néo-zélandaise.
Le ministre de l’Immigration et des Mines Fraser Colman a été choisi comme ministre du Cabinet pour naviguer avec Otago. Lors d’une conférence de presse à quai prévue pour le départ d’Otago le 28 juin, le Premier ministre Norman Kirk a déclaré que « c’est une mission d’objectif », et que le voyage d’Otago « garantirait que les yeux du monde entier soient rivés sur Mururoa ».
Le 4 juillet, Otago a reçu l’ordre de passer dans la « zone intermédiaire » déclarée en France avec des instructions pour contacter par code Morse deux fois par jour une station de radio non identifiée. On a découvert plus tard qu’il s’agissait du lien de sécurité avec les autorités françaises.
Lorsque la France a déclaré qu’elle poursuivrait ses essais malgré la présence d’Otago, Norman Kirk leur a assuré que la frégate n’entrerait pas dans les eaux territoriales françaises, mais plutôt dans ce que les Français appelaient leur « zone de danger ».
Un avion de patrouille maritime français P2 Neptune a effectué plusieurs passages au-dessus de l’Otago le 6 juillet, mais il n’y a eu aucune communication. La France a ensuite indiqué qu’elle activait la zone d’essai égale à 116 km (72 miles) autour du site d’essai, la zone dans laquelle Otago entrerait.
Deux jours plus tard, un dragueur de mines français de classe Dunkerque est apparu à 5 km de la poupe d’Otago. Il a suivi le navire jusqu’à ce que le contact soit rompu lorsque Otago a changé de cap.
Otago naviguerait dans la zone jusqu’au 23 juillet, en conservant un cap pour éviter les eaux territoriales, mais en naviguant dans et hors de la zone pour rencontrer Supply afin de réapprovisionner en carburant et en provisions. La surveillance française a continuellement photographié l’Otago jusqu’au 14 juillet environ.
Le 17 juillet, deux frégates françaises sont montées à bord du yacht de protestation Fri et l’ont remorqué jusqu’à l’atoll de Hao. Otago s’est préparé au cas où les Français chercheraient également à conclure avec eux. Le jeudi 19 juillet, Wellington a reçu l’ordre de se rapprocher de l’atoll de Mururoa alors qu’un essai était sur le point de se produire.
Collecte internationale de renseignements
Toutes les grandes puissances nucléaires avaient des forces navales agissant en tant qu’observateurs de l’essai, notamment : RFA Sir Percivale, les navires de recherche de l’URSS Akademik Shirshov et Volna, et d’autres. Seul le RNZN jouait un rôle de protestation.
En approchant des limites territoriales, Otago a pu voir un ballon avec l’engin lancé en dessous. On a demandé au personnel de se préparer à un test le lendemain. À 8 h, heure locale, les Français ont fait exploser un engin au-dessus de l’atoll à 2 000 pieds (610 m). Otago se trouvait à 35 km à l’ouest de la détonation.
Le HMNZS Canterbury arrive à Crowded Seas
Canterbury quitte Auckland pour remplacer Otago le 14 juillet, équipé du premier ordinateur de bord de la RNZN surnommé « Clarence ». Clarence surveillerait le rendement de la bombe française et les retombées.
Malgré la contamination de la chaudière portuaire, Canterbury a rendezvousavec Otago le 22 juillet. Otago a reçu l’ordre de retourner à Mururoa pour observer ce que l’on croyait être le deuxième test.
Bien que Canterbury ait résolu certains problèmes d’ingénierie, Otago est resté en service et a déménagé dans un nouvel emplacement pour observation.
Otago a transféré du matériel, du personnel et Fraser Colman au Canterbury. Canterbury a ensuite été soumis au même niveau d’inspection que celui qu’Otago avait connu des avions de surveillance français.
Après un retard constaté par le Canterbury dans la circulation radio le matin du 28 juillet, un engin a explosé à 315 m (1032 pieds).
Conséquences
Le gouvernement français a annoncé en 1975 qu’il mettrait fin aux essais atmosphériques et passerait aux essais souterrains à Mururoa.
Cela est resté le cas jusqu’en juin 1995, date à laquelle la France a recommencé les tests à Mururoa, qui ont finalement pris fin en janvier 1996. La France a ensuite signé le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et, à ce jour, n’a pas effectué d’autres essais.
Mururoa est toujours un territoire français et est traité comme un site sécurisé, mais les installations ont été démantelées et mises hors service.