Un quart des routes islandaises restent inaccessibles sans véhicule tout-terrain, laissant de vastes territoires à l’écart des circuits traditionnels. Certaines sources chaudes ne figurent sur aucune carte officielle, tandis que des villages entiers voient leur population doubler en été, sans pour autant attirer les foules.L’administration locale impose parfois des restrictions temporaires sur des sites naturels pour limiter leur fréquentation, mais certains lieux échappent à toute surveillance. Loin des itinéraires balisés, la découverte de ces zones méconnues repose sur l’audace et la curiosité des voyageurs.
Plan de l'article
Pourquoi l’Islande recèle tant de paysages méconnus
L’Islande se joue des clichés : son relief, d’une variété vertigineuse, étonne les plus aguerris. Cratères fumants, glaciers immenses, coulées de lave figées et fjords escarpés, ici chaque morceau de terre raconte sa propre histoire. La faible densité humaine n’est pas qu’un chiffre : elle façonne des régions entières éloignées de toute agitation, où la vie s’est adaptée à la marge, loin des projecteurs et des routes faciles.
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À l’extrême ouest, les Westfjords refusent le tourisme de masse. Les kilomètres de côtes déchiquetées restent déserts, préservés de l’affluence grâce à des routes cabossées et l’éloignement de la Route 1. Seuls quelques résidents et voyageurs endurants goûtent à la tranquillité de ces lieux oubliés.
La péninsule de Snaefellsnes condense les contrastes de l’île. Son volcan, certes réputé, passe parfois au second plan derrière ses plages sombres de basalte et ses villages marins perdus. Ici encore, le grand public n’effleure que la surface. Plus à l’est, le glacier Vatnajökull, une véritable masse de glace, distribue grottes, canyons et plateaux vierges sur une étendue colossale. Les F-roads sauvages, seulement accessibles l’été au volant d’un véhicule de vrai baroudeur, sont l’unique porte d’entrée vers certains de ces décors inaltérés.
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Région | Caractéristique | Accès |
---|---|---|
Westfjords | Région isolée, paysages intacts | Pistes, ferry |
Hornstrandir | Réserve naturelle, faune endémique | Bateau uniquement |
Vatnajökull | Glacier, grottes, canyons | 4×4, randonnée |
Péninsule de Snaefellsnes | Volcan, plages, villages isolés | Route locale |
Pas besoin d’aller loin de Reykjavik pour ressentir l’exclusivité : la péninsule de Reykjanes exhibe d’autres paysages rares, boudés en faveur d’attractions plus médiatisées. Les raccourcis géographiques n’ont pas leur place ici : chaque détour, chaque piste peu fréquentée, redéfinit la notion d’aventure. L’Islande reste, pour celles et ceux qui cherchent l’inédit, un foyer de surprises authentiques, où le mot « secret » garde toute sa rareté.
Quels lieux secrets échappent encore aux circuits touristiques ?
L’Islande masque toujours quelques trésors cachés, sauvegardés par l’éloignement, le relief et le caprice du climat. Sur la pointe la plus septentrionale, Hornstrandir ne se rejoint qu’en bateau. Ici, nul panneau, aucune trace d’automobile : le renard polaire règne sur ce bout du monde. Seuls les plus déterminés s’y risquent, portés par un besoin d’isolement pur.
Les Westfjords regorgent d’endroits éclipsés du radar touristique. Qui ose s’aventurer jusqu’à la cascade de Dynjandi découvre un mur d’eau tonitruant, serti dans la roche. Quelques kilomètres plus au sud, sur la plage de Rauðisandur, le sable prend des teintes fauves, surprenantes pour cette latitude : il faut accepter la longue piste et parfois le ferry pour l’atteindre. Aux confins de l’ouest, les hautes falaises de Látrabjarg abritent les oiseaux marins, mais l’absence totale d’installation maintient ces falaises à l’écart de la foule.
À l’est, les randonneurs téméraires goûtent à l’ivresse des sentiers de Víknaslóðir ou de la vallée de Stórurð, en pleine zone de Borgarfjörður Eystri. Leur labyrinthe de lacs et de blocs cyclopéens promet des paysages qui défient tout programme organisé. Plus au sud, la vallée de Thjórsárdalur collectionne des cascades et paysages volcaniques confidentiels, inconnus de la plupart.
Pour mieux cerner ces lieux à l’écart, voici une sélection emblématique :
- Seljavallalaug : un bassin naturel, vieux de cent ans, niché entre falaises et cascades, attend les visiteurs curieux prêts à marcher hors des sentiers tracés.
- Gljúfrabúi : cette chute d’eau dissimulée impose de traverser une faille rocheuse pour dévoiler toute sa grandeur.
- Hvítserkur : au bout d’une piste nordique, ce monolithe de basalte dresse sa silhouette au large, loin de l’effervescence.
L’isolement géographique et l’absence totale d’indications protègent ces perles rares. Ici, seuls les voyageurs patients, ceux qui se satisfont du flou et de la surprise, touchent vraiment à la face inconnue de l’Islande.
Immersion dans la magie des sites cachés : récits et anecdotes
Tout près de la capitale, la réserve de Grótta attire un cercle de fidèles venus admirer la lumière rasante de la baie de Faxaflói. Son phare se dresse au bord du monde, comme un défi lancé au tumulte urbain. À la nuit tombée, le silence épouse les lueurs du ciel. Les habitants murmurent que, certains soirs d’hiver, c’est ici que les aurores boréales offrent leur plus belle danse. Il faut parfois une dose de patience et ne pas craindre le froid mordant pour assister à ce spectacle privé.
Vers le sud, l’expérience Seljavallalaug se mérite après quelques minutes à travers cailloux et silence. La piscine, juste tempérée, dénote dans la rude ambiance volcanique. Parfois, un petit groupe d’islandais s’y retrouve, papote à demi-voix, et savoure le contraste entre l’eau tiède et la neige alentour. Les visiteurs repartent troublés par l’impression d’avoir touché quelque chose de profondément secret.
Remontée vers le nord : la piscine de Hofsós, posée au bord de l’eau, fait disparaître toute notion de repère lors des petits matins d’été où la brume efface la rive d’en face. Quelques rares nageurs profitent de ce moment suspendu, presque irréel.
Non loin de Thórsmörk, une marche discrète dans Stakkholtsgjá débouche sur un canyon envahi de mousses, sculpté par les années et le hasard. Une rivière se cache au fond, on l’entend sans toujours la voir. Ceux qui racontent leur passage insistent : la magie opère quand on accepte le rythme de la nature, sans la brusquer ni la provoquer.
Préparer son road trip pour explorer l’Islande hors des sentiers battus
La fameuse Route 1, cette boucle moderne qui encercle l’île, ne résume jamais la splendeur islandaise. Les recoins discrets, les espaces réservés à ceux qui osent s’aventurer, s’ouvrent surtout via les routes secondaires et les fameuses F-roads du centre. Certaines comme la F208 ou la F35 (Kjölur) traversent des déserts de pierres, frôlent des glaciers ou relient des oasis de silence, loin de la moindre pompe à essence.
Un élément n’a rien de négociable : il faut choisir un 4×4 résistant pour franchir gués et pierriers sans imprudence. Les conditions de circulation évoluent d’un jour à l’autre : une vérification attentive avant le départ s’impose. L’été reste la période la plus accessible ; l’hiver ferme la porte à la majorité de ces pistes.
Pour vous donner une idée des routes qui exigent une préparation rigoureuse, en voici quelques-unes :
- La piste de Kjölur relie Gullfoss à Akureyri en passant par Kerlingarfjöll et Hveravellir, deux zones privilégiées des amateurs de calme et de geysers.
- Le massif de Landmannalaugar récompense ceux qui bravent ses pistes difficiles par des montagnes colorées et des sources chaudes d’un autre temps.
- Pour les plus tenaces, Laki, Askja ou Holuhraun dévoilent des champs volcaniques spectaculaires, réservés néanmoins aux mois d’été et à ceux qui n’ont pas peur des longues distances sur cailloux.
L’aventure dans ces contrées ne supporte pas l’improvisation : prévoir du ravitaillement, réserver ses hébergements à l’avance, s’équiper pour être pleinement autonome devient la norme, surtout dans les coins les plus reculés comme Víknaslóðir ou Hornstrandir, parfois accessibles uniquement après un long transfert en bateau. Passer au cœur de la nature islandaise réclame de la méthode, mais la récompense est inoubliable : une sensation brute, celle d’effleurer l’Islande la moins apprivoisée.
Rien n’est jamais acquis sur cette île. Chaque détour promet sa dose d’inattendu, chaque piste pourrait bien garder son secret de montagne ou de lave. L’Islande se mérite, sous réserve de curiosité et de respect pour ce royaume de la discrétion.